
J’ai donné une conférence à la California Science and Technology University sur l’IA. Mon objectif : faire le point sur l’état actuel de l’IA, ses limites et son avenir.
Il ne s’agissait pas de parler de tendances passagères, mais bien de fond. J’ai voulu clarifier le chaos ambiant : comment utiliser l’IA, là où elle fonctionne vraiment, et là où elle montre ses limites.
J’ai notamment mis l’accent sur les systèmes multi-agents (MAS) et expliqué pourquoi les entreprises doivent aller au-delà des solutions étroites et déconnectées pour adopter une IA intégrée et évolutive.
Voici un résumé des points clés de mon intervention.
1. Mieux vaut expérimenter avec ce que l’on a plus que d’attendre l’outil parfait
Les solutions IA évoluent si vite qu’au moment où vous implémentez une solution, une option plus performante est déjà sur le marché. Plutôt que de gaspiller du temps à rechercher l’outil parfait, concentrez-vous sur l’essentiel : comprendre les capacités et les limites de l’IA, et aligner ces technologies sur vos besoins métier.
La vraie valeur de l’IA réside dans l’identification des processus à automatiser, ceux qui ont le plus grand impact potentiel. Cela implique de cartographier vos workflows, identifier les points de blocage et prioriser les domaines où l’IA peut réellement faire une différence. Les entreprises qui réussissent aujourd’hui sont celles qui s’adaptent à cette évolution constante, pas celles qui attendent un outil « miraculeux ».
2. Les solutions verticales vont devenir problématiques pour les entreprises
La plupart des outils d’IA actuels sont trop spécifiques. Ils résolvent un seul problème, comme l’automatisation du service client ou l’optimisation des publicités, mais ils ne sont pas adaptés à l’échelle d’une entreprise qui se transforme. Gérer des dizaines de ces « solutions verticales » crée des inefficacités, de la fragmentation et beaucoup de complications. Tant du point de vue de la tech, que des opérations.
L’avenir réside dans les plateformes horizontales : des solutions d’IA qui intègrent les workflows entre équipes et qui évoluent avec la croissance des entreprises. Ces systèmes agrégateurs ne se contenteront pas de remplacer des tâches individuelles, ils unifieront les processus et permettront une transformation en profondeur des opérations.
3. Les systèmes multi-agents (MAS) redéfiniront notre façon de travailler
Aujourd’hui, des outils comme ChatGPT agissent comme des assistants uniques : efficaces pour des tâches spécifiques, mais limités dans leur portée. L’évolution suivante, ce sont les systèmes multi-agents (MAS) : des groupes d’agents spécialisés travaillant ensemble, coordonnés par un « manager » ou un méta-agent.
Les MAS permettent déjà une automatisation à une échelle auparavant impossible. Oui, il est possible de commencer à les implémenter dès aujourd’hui. Imaginez un département marketing où un agent génère du contenu, un autre analyse les performances, et un troisième s’assure que les campagnes sont alignées avec les données clients—le tout de manière fluide. Les MAS ne se contentent pas d’assister les équipes : ils orchestrent les opérations dans leur ensemble.
Cependant, les MAS ne sont pas des solutions prêtes à l’emploi. Les entreprises doivent comprendre en profondeur leurs workflows, cartographier leurs processus et aligner ces systèmes sur leurs objectifs. Bien que les MAS soient une étape clé, ils annoncent un futur où une IA avancée unique pourrait tout gérer de manière autonome.
4. L’IA est chaotique—il faut malgré tout s’y plonger
L’IA, c’est le chaos : de nouveaux outils, des mises à jour constantes, et des avancées qui apparaissent chaque jour. C’est déroutant, même pour nous qui travaillons dans le domaine. Mais c’est la réalité.
La seule façon de vraiment comprendre l’IA est d’expérimenter. Vous ne pouvez pas vous contenter de lire des études de cas ou d’écouter des discours marketing ; il faut tester des outils, faire des erreurs et apprendre par l’expérience. Réussir avec l’IA, ce n’est pas être un expert, c’est être curieux, résilient et prêt à s’adapter dans un domaine qui changera tous les mois pendant plusieurs années.
5. Les trois typologies d’entreprises adoptent (ou non) l’IA
J’ai classé les entreprises adoptant l’IA en trois groupes :
Les adopteurs ambitieux : Ceux qui se lancent pleinement, construisent des solutions sur mesure et expérimentent de manière agressive. Ils mènent l’innovation, testent des approches avant-gardistes et repoussent les limites technologiques, mais ils doivent composer avec des coûts élevés et une complexité opérationnelle accrue. Ce sont les pionniers qui, bien qu’ils prennent des risques, ouvrent souvent la voie pour les autres.
Les explorateurs curieux : Ceux qui perçoivent le potentiel de l’IA mais hésitent sur la marche à suivre. Ils savent qu’il y a une opportunité mais manquent parfois de clarté sur les priorités. Avec un accompagnement stratégique, ils peuvent rapidement connecter leurs objectifs aux capacités de l’IA et transformer leurs premières expérimentations en avantages concurrentiels durables.
Les observateurs prudents : Ceux qui ont entendu parler de l’IA mais qui n’ont pas encore pris le temps ou l’initiative d’agir. Souvent freinés par un manque de ressources ou une crainte de l’inconnu, ils risquent de voir la concurrence les devancer. Dans un environnement où l’adoption de l’IA progresse à grande vitesse, rester immobile revient à prendre du retard.
Quelle que soit la catégorie dans laquelle vous vous reconnaissez, l’essentiel est de commencer. L’IA n’est pas une vague à attendre, mais plutôt un terrain à explorer. Chaque petite action – tester un outil, automatiser un processus, ou simplement observer vos flux de travail – vous rapprochera de votre objectif. Plus vous démarrez tôt, plus vous serez préparé pour tirer parti de la révolution qui arrive.
Conclusion
Mon message était clair : la révolution de l’IA n’attend pas. Elle est rapide, désordonnée, et pleine d’opportunités. Les gagnants seront ceux qui embrassent ce chaos, expérimentent et s’adaptent.
L’IA n’est pas seulement l’avenir, elle est déjà là. La seule question est : allez-vous mener ce changement ou rester à la traîne ?